Youssouf Fofana, l'assassin d'Ilan Halimi en 2006 et condamné à perpétuité pour cela, est aujourd'hui jugé pour une quarantaine de crapuleries commises antérieurement entre 2002 et 2004 à l'encontre de personnalités supposées fortunées.
Décidément, même en cherchant bien, il est difficile de trouver un seul élément positif dans la personnalité de Youssouf Fofana.
Avant de s'engager dans le sordide enlèvement d'Ilan Halimi "parce qu'il était juif" et que, par conséquent, "sa famille devait nécessairement être riche" - enlèvement qui s'achèvera par l'assassinat du jeune Ilan -, Youssouf Fofana avait tenté de très nombreuses autres extorsions de fonds. Conçues de manière aussi stupides et accompagnées, là encore, de menaces de mort.
Entre avril 2002 et octobre 2004, Fofana a tenté à 42 reprises d'extorquer des fonds à des chefs d'entreprises ou des personnalités. 13 d'entre eux sont parties civiles dans le procès qui se tient au tribunal correctionnel de Paris jusqu'au vendredi 13 janvier.
Le président de MSF et le PDG de Rolex
Parmi les plus connues de ces personnalités figurent l'ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman, l'ex-patron d'Arte, Jérôme Clément, ou le fondateur de Radio Nova, Jean-François Bizot, décédé depuis. On trouve aussi des chefs de grandes entreprises comme les présidents des directoires de BMW ou Conforama, les PDG de Toshiba France, BUT, IBM France, Rolex, Reebok France ou Whirlpool...
Certains sont inconnus, mais tous étaient supposés disposer d'une fortune leur permettant de payer des rançons pouvant atteindre 500.000 dollars (475.000 euros).
Des menaces de mort
La mécanique de ces tentatives d'escroqueries est assez rudimentaire mais toujours accompagnée de menaces ou de photos ou vidéos censées faire planer des menaces. Un courrier, assorti d'images d'hommes cagoulés, armés, devant le domicile de la victime choisie. Dans un cas la demande est attribuée au mouvement indépendantiste corse Armata Corsa, dans un autre à la branche française du Front de libération de la Palestine (FLP), dans un troisième à la Mafia K'1 Fry, un collectif de rappeurs !
Pour faire pression, le maître chanteur adresse des grenades trafiquées à ses victimes, jette des cocktails Molotov dans la cour du domicile de Rony Brauman ou piège une voiture à Sceaux (Hauts-de-Seine), où résidaient plusieurs personnes menacées.
Quand les victimes ne répondent pas, il les relance : "Vous venez de recevoir l'annonce du déclenchement de la mort qui prendra effet
24 heures après réception si vous n'obtempérez pas."
Pour récupérer la "rançon", les victimes sont invitées à envoyer de l'argent avec Western Union ou le déposer au métro Châtelet. Aucune des victimes sélectionnées ne cèdera aux mises en scènes délirantes de Fofana et ne versera le moindre euro. Mais les surveillances policières n'aboutiront pas non plus.
Et ça n'est finalement que l'enquête sur l'affaire Ilan Halimi qui permettra de relier toutes ces affaires jusque là dispersées et de les attribuer à Youssouf Fofana.
